« On m’annonce à 27 ans que je suis malade du cancer du sein » | Témoignage
A découvrir : le témoignage en tout simplicité de Sarah, qui a été dépistée d’un cancer du sein à 27 ans. Un grand merci pour son partage 💓
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« Je m’appelle Sarah et je vais vous raconter mon parcours avec le cancer du sein.
En juin 2022, alors étudiante, je découvre une boule au niveau de mon sein droit sous la douche qui m’a tout de suite interpellée.
Je prends très vite rendez-vous chez mon médecin traitement quelques jours plus tard. Après une palpation et connaissant mes antécédents familiaux, il me redirige rapidement vers ses confrères pour une échographie.
En juillet, me voilà donc chez la radiologue afin de faire une échographie, ma boule est toujours présente mais elle ne parvient pas à la sentir. Malgré tout elle me fait confiance et poursuit l’examen. Après de longues minutes d’inspection elle finit par la visualiser. Suite à cela elle décide de réaliser une mammographie pour tenter de visualiser là encore cette masse.
Finalement, une microbiopsie est décidée pour la fin du mois de juillet, puis en raison de prélèvements non satisfaisants, elle décide d’une macrobiopsie à la mi août.
Après 3 mois d’attente depuis la découverte de cette masse, les résultats tombent et se veulent rassurants, ils sont négatifs.
La radiologue me rassure et m’indique qu’il s’agit de calcifications, choses courantes dans ma famille, et qu’il est préférable de les faire retirer car avec les antécédents familiaux c’est un terrain favorisant pour le développement du cancer du sein.
Par chance la gynécologue qui suivait à l’époque fait également chirurgie du sein, je dois donc me rapprocher d’elle.
Nous sommes fin août et je tente de prendre rdv avec ma gynécologue mais c’est impossible de la joindre… Après 2 semaines vaines, je parviens finalement à avoir son secrétariat au téléphone qui me demande si j’ai un cancer du sein afin de justifier de cette urgence, je leur explique ma situation et ils me répondent « Très bien nous prenons note et elle vous recontactera dans les plus brefs délais pour convenir d’un rendez-vous ».
Les semaines passent, je n’ai pas de nouvelles et pendant ce temps, la masse grossit et me fait mal.
Nous voilà fin octobre, je m’inquiète, je me souviens que j’agaçais presque mon entourage a leur répéter que c’était peut-être grave finalement. Avec ma maman on décide finalement de prendre rendez-vous ailleurs pour un nouvel avis. J’ai donc rdv fin novembre dans un nouveau Centre de radiologie. Nous voilà le jour de la consultation, dans un premier temps, la professionnelle qui me reçoit ne comprend pas pourquoi je suis là aujourd’hui alors qu’ils s’agit de quelque chose de bénins. Après lui avoir expliqué que cette masse grossissait, me faisait mal et me gênait dans mon quotidien, elle accepte de m’examiner sous échographie.
Très vite elle identifie la masse et m’indique qu’elle a grossit depuis les derniers clichés mais me rassure également. Comme il n’y avait pas de caractère d’urgence à première vue, elle me propose de réaliser un mammotome début janvier, après les fêtes de fin d’année. Plus d’un mois passe et me voilà enfin à mon rdv. Elle réalise à ce moment là 11 carottages qui sont ensuite envoyés pour être étudiés. On convient d’un prochain rendez-vous dans 2 semaines, le vendredi 20 janvier 2023.
Deux longues semaines s’écoulent avec comme un mauvais pressentiment qui me suit depuis des mois.
Nous voilà le jour J, je suis accompagnée de ma maman, nous attendons dans la salle du médecin, au fond de moi j’ai peur mais je ne veux pas lui montrer. Là médecin arrive et nous annonce qu’elle ne vient pas avec de bonnes nouvelles, nous pensons d’abord à une mauvaise blague puis nous comprenons. On m’annonce que je suis malade à 27 d’un cancer du sein.
Forcément les larmes nous submergent tout de suite avec ma maman, la médecin nous rassure en nous disant que c’est vu suffisamment tôt et que tout va bien se passer. A ce moment là c’est comme une « course contre la montre » qui se met en place sous mes yeux.
Ma maman étant déléguée médicale, connaît du monde dans le milieu, elle contacte très vite ses amis et connaissances pour leur faire part de la nouvelle. J’apprends que je suis malade vendredi et j’ai eu la chance d’avoir un premier rdv avec une oncologue le lundi qui suit à Paris. Maintenant il faut l’annoncer à ma famille, aux proches, à mes amis. Ce n’est pas une chose facile, on n’est pas honteux mais on a ce drôle de sentiment d’avoir presque honte d’en parler. Je crois que dans mon cas j’avais peur de croiser de la pitié mais aussi peur de les inquiéter.
A partir de là les rdv médicaux s’enchaînent, nous enchaînons les aller-retours à Paris.
Je suis fatiguée mais je me dis constamment que j’ai beaucoup de chance car j’ai été tout de suite prise en charge dès l’annonce de la maladie. Mon mot d’ordre est alors d’être forte pour moi, ma famille et mes amies. À la différence d’autres personnes, je vais survivre.
Dans mon parcours je m’estime très chanceuse d’avoir un médecin traitant qui me suit depuis mon plus jeune âge et qui n’a jamais pris à la légère cette pathologie. Il m’a toujours écoutée et m’a très vite prescrit les examens nécessaires au dépistage.
Mon parcours est cependant atypique car j’ai d’abord eu une première annonce de quelque chose de bénin. La gynécologue qui me suivait n’a malheureusement pas pris cette situation au sérieux et n’a jamais fait le suivi, je n’ai jamais eu de ses nouvelles.. Ce qui m’a peut-être sauvée c’est d’avoir écouter mon instinct, de m’être fait confiance et d’avoir demandé d’autres examens, un autre avis médical.
Aussi, chose qui n’est pas négligeable, j’ai toujours été sensibilisée à l’auto-palpation en raison des nombreux cancers du sein dans ma famille. Je pratiquais l’auto palpation régulièrement ce qui fait que je connaissais bien mon corps et cette masse m’a sautée aux yeux le jour où je l’ai sentie pour la première fois.
Aujourd’hui j’ai 29 ans et je vais mieux.
J’entame ma reconstruction, toujours dans le cadre de mon cancer. Le parcours est long, parfois éprouvant mais je garde toujours en tête que j’ai une chance inestimable par rapport à d’autres patients.
J’aimerais vraiment encourager toutes ces femmes mais également tous ces hommes, à prendre conscience qu’il n’y a pas d’âge pour tomber malade et qu’il faut accorder véritablement de l’importance à la prévention et au dépistage car c’est une réalité, ils sauvent des vies. »